Fermée au début des années 90, cette section de ligne de 21 km, maillon d’un axe franco-suisse qui mène à Bienne via Delémont, a été remise en service fin 2018 après plusieurs années de travaux de modernisation ayant permis notamment son électrification.
Suisses et Français se sont retrouvés le 6 décembre dernier, afin d’inaugurer officiellement la réouverture de la section Delle – Belfort. Après l’arrivée synchronisée de la RABe 520.206 et de l’UM Z 27599 + Z 27598, les délégations des deux pays ont procédé aux rituels (ruban, plaque commémorative…) inhérents à pareille cérémonie. Les allocutions ont dans leur globalité souligné la rareté d’une telle réouverture, le rôle déterminant d’un (très) petit nombre d’acteurs pugnaces et l’ampleur de la tâche accomplie. À l’évidence, le cas de Delle – Belfort atteste que toute fermeture tend à produire les germes d’une certaine irréversibilité. Il convient donc de bien réfléchir préalablement à ce genre de décision qui n’a rien d’anodin pour les territoires et dont la révocation ultérieure coûte fort cher aux collectivités. Le voyage inaugural du 6 décembre a aussi permis d’observer qu’en marge de la modernisation réalisée en Suisse la reconstruction menée en France s’est faite selon des standards élevés. Forte d’une riche histoire, la liaison via Delle bénéficie désormais d’une infrastructure moderne. Il lui faut maintenant trouver ses marques, ce qui à l’échelle du temps ferroviaire (par définition long) n’est en rien hors de portée. La liaison Delle – Belfort découle à l’origine de l’intérêt des Français à établir un nouvel itinéraire vers Bâle, puis vers l’Italie. Pour la Compagnie de l’Est, il s’agit en effet de contourner l’Alsace et d’éviter autant que faire se peut les itinéraires frontaliers contrôlés par le PLM. C’est pour cela que cette compagnie atteindra Delle en 1877 – le PLM a déjà inauguré la ligne Montbéliard – Morvillars – Delle en 1868 – et que la gare de Delémont est orientée ouest – est. Plus tard encore, l’importance des trafics de et vers la France par le nouveau tunnel du Lötschberg justifie la réalisation de la section Lengnau – Moutier par la Compagnie de chemin de fer des Alpes bernoises (BLS), appuyée financièrement par l’Est. Le rôle du chemin de fer s’estompera avant la fin du xxe siècle avec la fermeture de Delle – Belfort entre septembre 1992 (voyageurs Delémont – Belfort), mai (régionaux Delémont – Delle) et septembre 1993 (Cargo). La LGV Rhin – Rhône et la gare Belfort-Montbéliard-TGV, perpendiculaire à la section Delle – Belfort (22 km), ont motivé la remise en service de Boncourt – Delle (1,6 km) le 10 décembre 2006. Il s’agit alors pour le canton du Jura et la région Franche-Comté (qui financent la remise en état de l’infrastructure et l’exploitation) d’un prélude à la réouverture complète de la ligne initialement attendue pour 2011. Malgré l’engagement financier des Suisses (24,7 millions d’euros pour la Confédération, 3,2 millions d’euros pour le canton du Jura), la signature de la convention de financement n’interviendra finalement qu’en 2014. Les travaux (110,5 millions d’euros) (1) débutent en septembre 2015. Préalablement, des négociations sont menées en 2013 afin d’acquérir 8 ha nécessaires à la création de haltes et à l’aménagement de PN. Alors que l’avis de l’autorité environnementale est sollicité en 2014, l’enquête publique est réalisée par la direction territoriale de SNCF Réseau de Bourgogne-Franche-Comté (maître d’ouvrage) du 23 février au 31 mars 2015. La DUP est prononcée le 22 juillet 2015.